Invitation et soutien de Pierre Lombart pour la Southern African Foundation For Contemporary Art (SAFFCA) à une résidence d'artistes en Afrique du Sud :

- Johannesburg du 16 janvier au 11 février 2018 : en collaboration avec le Project Space - Benon Lutaaya - August House.

- Cape Town, du 12 au 19 février 2018 : Cape Town Art Fair.

- Knysna du 19 février au 19 mars 2018 : Entabeni farm. Résidence avec l'artiste sud africaine Turiya Magadlela.

- Johannesburg du 19 mars au 28 mars : exposition à l'Alliance Française de Johannesburg avec les travaux de Dalila Dalléas Bouzar, Turiya Magadlela et Laurent Valera.

Partenaires mécènes : Frédéric et Stéfany Cauchois.

Série Day zero, "War and peace", sculpture-objet, 2018
Série Day zero, "War and peace", sculpture-objet, 2018

Je continue ici mes recherches et mon travail sur la thématique de l'eau avec des travaux picturaux, des objets, des photographies et des vidéos : Day zéro, Walkers, We are walkers...

 

L'Afrique du Sud connait depuis plusieurs années de gros problèmes d'accès à l'eau douce. 

 

Victime du phénomène climatique El Niño, Le Cap sera la première grande ville du monde à manquer d’eau. En attendant le «day zero », qui pourrait intervenir le 16 avril, le compte à rebours est lancé et les restrictions se mettent en place.

 

1er avril, 12 avril, 22 avril… Si la date exacte varie au gré des calculs, une chose est sûre : au Cap, le « day zero », celui où plus une seule goutte d’eau ne coulera du robinet, est à la fois proche et inéluctable (lors de la mise en ligne de cet article, le compteur de la mairie du Cap l’estimait au 16 avril).

 

« Il y a encore des gens qui pensent que ce jour-là ne peut pas arriver, et que les sept projets de la ville qui doivent nous permettre d’augmenter nos ressources de 200 millions de litres par jour suffiront à nous sauver, mais ce n’est pas le cas. Et même si ces programmes nous rendront plus résistants aux pénuries futures, ils ne nous empêcheront pas, cette fois, d’atteindre le point zéro », a expliqué Patricia De Lille, la maire de la métropole sud-africaine de plus de 430 000 habitants, dans un communiqué paru le 17 janvier.

The gold Rush #01, série de photographies, 2018
The gold Rush #01, série de photographies, 2018
Mystic river, photographs, 2018
Mystic river, photographs, 2018

La rencontre avec la ville de Johannesburg est une extraordinaire expérience pour moi. L'atelier de la August House où j’habite et travaille se situe en plein centre de la ville, le CBD, dans le quartier de Doornfontein. Ce quartier est réputé très difficile. Il y est très fortement recommandé, pour des blancs ou pour quiconque arborant quelques signes de richesses, de ne pas y circuler à pieds. Même en voiture ce quartier est évité par les habitants de Joburg. Les taxis et les ubers… s’y rendent à reculons quand on les commandes. D’ailleurs c’est l’unique façon de rentrer ou sortir de chez moi ici : le uber me déposant devant la porte ou m’y récupérant. Dès fois ce trajet en uber n’est que pour quelques centaines de mètres afin d’être déposé dans un quartier (qui se limite à un ou deux patés de maisons) ou une rue sécurisés (safe). C’est ainsi ici, la marche à pieds m’est complètement contrainte voire impossible !

Cette contrainte m’a fait me poser beaucoup de questions sur moi, sur cette ville et ses habitants. J’y vois une contrainte à la rencontre et à l’échange, à la découverte et au partage. Je me dis que ce non possible en engendre beaucoup d’autres. J’ai le sentiment que la frontière blanc-noir est maintenue par cette non possibilité d’accès à un besoin et un droit élémentaire : marcher. Comment construire ensemble quand l’on ne peut pas marcher ensemble !?

Un travail vidéo est en cours sur cette question. Le nom en sera : « We are walkers ». L’idée de ce nom m’est apparue lors de la visite de l’incontournable musée de l’Apartheid. Ce musée est extraordinaire de puissance tant par son contenu que le bâtiment lui-même et la scénographie. On ne peut échapper à une mise en abime de nos vies, à un éveil de questions élémentaires sur l’existence et le savoir vivre ensemble. C’est un lieu bouleversant !

Quand on est en ville à Johannesburg on est très vigilant et attentif à tout ce qui bouge autour de soi, ou du moins on essaye. C’est là que j’ai commencé à réaliser que des hommes portaient des gilets jaunes ou oranges de sécurité routière. Les premiers instants j’associais ces hommes à des vigiles des quartiers sécurisés de Joburg. Mais j’ai très vite compris qu’il n’en était rien.  

 

"Walkers", peinture collage, dim. 59cm x 54cm, 2018

nouvelle série, in progress

 

Ils sont dans la rue à Johannesburg... Ils portent des gilets jaunes et oranges. Ils ne sont pas là pour faire traverser les enfants aux passages cloutés, non ! Ils ne sont pas là pour assurer votre sécurité, non ! Ils sont dans la rue car ils y vivent. Ils y glanent dans nos poubelles des plastiques, des canettes... qu'ils accumulent dans des sacs de fortunes. Le tout est pour le recyclage en échange d'une modique monnaie. Gilets jaunes des pauvres, des mendiants, des sans abri.

C'est qu'il n'est pas bon être un piéton à Johannesburg. On a vite fait d'être renversé par une voiture. C'est que le piéton peut être ici l'agent d'une embuscade qui force l'arrêt et engendre le pillage. On ne ralenti pas face à un piéton, on l'évite, c'est tout. Alors mieux vaut être visible sur la route, porter un gilet jaune !

 

Ce travail est en écho à un travail vidéo en cours de réalisation "We are walkers".

"Walkers #4", peinture collage, dim. 59cm x 54cm, 2018
"Walkers #4", peinture collage, dim. 59cm x 54cm, 2018

Projets à Kliptown - Soweto :

Rencontre avec la chaleureuse équipe de l'orphelinat Soweto Kliptown Youth - SKY : Bob T. Nameng, Nicky, Ntombi, Thabang, Vusi, Winki, Pepe...

Un grand merci à Michel Jacques ainsi qu'a Christophe Hutin et Nicolas Hubrecht qui œuvrent dans ce quartier depuis de nombreuses années.  

- Programmation de deux ateliers avec les enfants le jeudi 8 février. Certainement deux autres seront calés pour la dernière semaine de mars.

- Réalisation d'un documentaire photographique sur les points d'eau du township pour un travail d'objets photographiques dans l'esprit du travail Cernes de l'estuaire de la Gironde.

August House, 76 End St, loft-atelier de Benon Lutaaya, Johannesburg :

 

Entabeni farm à Knysna :