Source de Vie (Source of Life), installation, 2012

Cette oeuvre a été finaliste des Talents Contemporains de la Fondation François Schneïder en 2013.

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Source de vie, Nuit Blanche Paris 2014.

Source de Vie, installation, 2012.

Dimensions variables. Configuration de l'oeuvre réalisée en atelier : 4,60x1,40x1,40m. 

Gobelets en plastique transparent, eau, lumière, ventilateur.

Anamorphose lumineuse de « SOURCE » qui génère « De VIE » en mots lumineux (reflets sur la surface d'eau des verres).

 

De loin, dans la pénombre, une douce lumière tremblote de ses lumignons fragiles. Plus près, on découvre que ce chemin de lumière est  fait de gobelets transparents éclairés et contenant de l'eau. Sous les pas de qui s'approche, le support vibre en feux follets, les gobelets s'animent, l'eau vit, s'évapore, parle, écrit, délivre son message: "Source" au sol, "de Vie", en lumière réverbérée à la verticale. Image et langage liés. Signifiant, signifié.

"Source de vie", eau vitale, eau cruciale.

Dans son fond, comme dans sa forme, cette installation plastique mystérieuse et attirante de Laurent Valera suscite réflexion et rêverie. Visions.

 

La vision du philosophe: les limites de l'infini.

Eau (dans les gobelets), terre (avec les secousses telluriques des visiteurs), feu (de la lumière qui découpe les ombres), air (délitant en part des anges). Les quatre éléments sont dans cette œuvre plastique. Une cosmogonie entière se dessine ici, "quadruple racine de toutes choses" pour Empédocle. L'eau y est l'élément premier. L'eau, substance dont tout procède, non seulement la vie mais aussi la naissance des autres éléments selon Thalès. Le premier des philosophes voyait ainsi notre monde : Un univers bulle d'air au sein d'une masse liquide infinie. Loin de se douter que, 27 siècles plus tard, l'homme en viendrait à s'interroger sur sa survie dans un monde en manque d'eau, ressource finie et non plus inépuisable.

 

La vision de l'ingénieur : construire, déconstruire, en anamorphose.

Il y a un truc. L'artiste écrit "Source" avec ses verres bien concrets et, à partir de là, on lit à la verticale un immatériel  " de vie " en lumière réverbérée. Eau et lumière. Projection, réfraction, diffraction, omission, sélection, savante optique... Tous les effets de l'art artifice et illusion, de l'art simulacre dont Platon avait peur. Car qui peut transmuter l'eau en feu ?  Ecrire avec de l'eau ? Changer les lettres, faire d'un "o" un "e" ?

L'artiste et son savoir-faire. Si l'heure est urgente, s'il faut employer plus que la science ou la technique pour sauver un monde ou du moins alerter. Avec l'art, passer par l'illusion pour dire le vrai, l'essentiel. Sans eau, plus de vie. Eau, source de tout.

 

La vision de l'inextinguible : plonger dans l'œuvre, s'y perdre, s'y trouver.

La soif. Enfin les verres pleins, prélude aux agapes ! Et dire qu'il faut attendre la fin des discours ! " Je meurs de soif auprès de la fontaine " comme Charles d' Orléans, je suis le Siegmund épuisé de Wagner, ténor altéré qui s'écrie: " Ein Quell !, Ein Quell !" (Une Source ! Une Source !).

Les verres de lumière disposés sur la table. L'invitation à se désaltérer. Ah, refaire les niveaux, échapper à l'angoisse, s'imbiber, se désinhiber, sentir en soi l'eau ardente, un verre et puis un autre, un autre encore, la fête, la lumière dans la nuit, l'oubli, l'ivresse, l'immortalité. Dionysos enfin. Entrer dans l'œuvre, boire, être l'œuvre.

Santé !

 

Texte de Jacqueline Nalis

/2013

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Source de vie, 2013.

Oeuvre d'art sur le thème de l'eau.

Art contemporain, contemporary art, Bordeaux, Medoc, Pauillac.