« Je vois les aspirations du vivant régies par les  aspirations de l’eau. »  Laurent Valera

 

La rencontre avec l’eau

 

Le travail de Laurent Valera s'articule et se développe autour de la notion du vivant. Dans son exercice de création il cherche à mettre en évidence les énergies de la vie et les interconnections qui s’établissent. Il a procédé par grossissements successifs en s’efforçant d’analyser les cycles du vivant en les reproduisant par des jeux de duplication. Avec la répétition des gestes et de motifs associés à la notion d’altérabilité, l’œuvre se transforme, se complexifie, s’enrichie. Ainsi sont nées des séries : peintures (barres, énergie, flux, aspirations d’eau…), sculptures (stèles…), collages (« rythmes, lumière, écritures »...). Peu à peu ces recherches l’ont amené à focaliser sur la lumière en tant que source d’énergie première, puis sur l’eau, élément fondamental à la vie.

 

Ces séries de créations artistiques ont fait émerger un questionnement plus large sur notre époque contemporaine. Les installations, les peintures et les vidéos qu’il conçois intègrent dès lors les problématiques sociétales et environnementales : communication, langage, perception, temps, vie, mort, immigration, frontières, bouleversements climatiques, quête de l’eau potable… Alors que notre civilisation n’a de cesse de contrôler, segmenter, réduire, il voit les singularités du vivant comme universelles, portant sa vision d’un monde riche et complexe, foisonnant de vies interconnectées et essentielles les unes aux autres.

 

C’est en 2012 que l’eau prend toute sa place dans son travail afin de répondre à un concours pour les Talents Contemporains de la Fondation François Schneïder à Wattwiller (France). Cette fondation qui a pris corps dans les anciens ateliers des sources thermales de Wattwiller se consacre à aider des artistes plasticiens qui travaillent sur le thème de l’eau. Ainsi est née l’œuvre Source de vie avec laquelle il a été finaliste.

 

Cette installation est une anamorphose de mots. Au sol des centaines de gobelets d’eau écrivent le mot Source. Une lampe au plafond éclaire le mot Source. La surface d’eau des gobelets fait miroir et renvoie sur le mur arrière des ronds de lumière qui écrivent de Vie. Par un subtil remplissage des verres Laurent Valera joue avec la capacité de réflexion de l’eau des gobelets. La magie opère. Source devient de Vie et en laissant l’eau des gobelets s’évaporer de Vie disparait peu à peu. On se retrouve devant une évidence : plus d’eau, plus de vie.

 

"Source de Vie" lors de  Nuit Blanche Paris 2014
"Source de Vie" lors de Nuit Blanche Paris 2014
Fonctionnement de l'oeuvre "Source de Vie"
Fonctionnement de l'oeuvre "Source de Vie"

Dès lors il  n’a eu de cesse de travailler avec cet élément. Ainsi sont nés une multitude d’autres travaux, portés ou activés par l’eau, en utilisant toutes sortes de médiums :

 

 

 

 

-      Aspirations d’eau Part. III, peinture et collage, travail en cours, 2016-2017

 

-      Les glaciers du Kilimandjaro, installation, 2016

 

-      Source de joie, installation-performance, 2016

 

-      11m3 = 1BJ, installation, 2016

 

-      Cernes de l’estuaire de la Gironde, objet et photographie, 2016

 

-      Watershed, sculptures-installation (réflexions et travaux en cours), 2015-2016.

 

-      Charriées, tableau sculpture, 2015.

 

-      Lumières de sirènes, installation, 2014.

 

-      Aspirations d’eau Part. I & II, peintures, 2014-2015.

 

-      Toxic et O, lavis sur papier, 2014.

 

-      Remember me ! , vidéo, 2013.

 

-      Acqua Alta : les hautes eaux, sculpture, 2013.

 

-      Le grand manège, projet d’installation monumentale, 2013-2015.

 

Aspirations d’eau Part. III, peinture, 2017

 

Travail en cours. Suivre ce lien

Dans ce travail de peinture l'eau est libre de ses mouvements. Ses actions se traduiront par des traces colorées, révélant des formes et des strates aux oeuvres.
Aspirations d'eau Part. III : diptyque n°18, dim. 186cm x 102cm, 2017

Les glaciers du Kilimandjaro, installation, 2016

 

Patchwork de tissus tanzaniens, kangas, massai shuka…, cordes, disque de terre craquelée et végétation, glace.

 

Dim. 5m x 5m x 2,30m

exposition de l'oeuvre de Laurent Valera "Les glaciers du Kilimandjaro" lors de la semaine des Afriques à la Halle des Douves de Bordeaux
Les glaciers du Kilimandjaro, Semaine des Afriques, Halle des douves, Bordeaux, 2017

Cette installation a été créé dans le cadre de la résidence d'artiste de Laurent Valera à l'Alliance Française d'Arusha en Tanzanie. La thématique de la résidence : changements climatiques et fonte des glaciers du Kilimandjaro.

 

La disparition totale des glaces du Kilimandjaro en Tanzanie est annoncée pour 2030 !

 

La fonte des glaciers est devenue une image emblématique du réchauffement global de notre planète. La hausse des températures peut modifier la végétation qui nous entoure, mais il est très difficile de percevoir ces changements sur les paysages. En revanche, un grand glacier qui se réduit comme peau de chagrin marque davantage les esprits et fait prendre conscience de l'influence du climat sur le monde.

 

Le Kilimandjaro est un site emblématique de l’Afrique. Il en est le plus haut sommet (5892m).

 

Au pied et sur les pentes du Kilimandjaro poussent de grands arbres, qui eux-mêmes couvent des caféiers et des bananiers. Ce système traditionnel de culture, appelé méthode Chagga, fait vivre plus d’un million de personnes. Mais dans les années 1990, le cours du café s’est effondré et les habitants se sont tournés vers le commerce du bois.

 

Des milliers d’hectares ont été arrachés, transformant des forêts entières en désert. La température a crû de trois degrés, les pluies ont diminué de 20%.

 

L’œuvre que Laurent Valera propose est inspirée d’une légende masaï qui raconte que Dieu habite au sommet du Kilimandjaro. Avec un splendide filet aux mailles dorées, il capture les nuages et les jette dans le cratère du volcan, ce qui fait jaillir l’eau des sources.

 

Elle est constituée d’un patchwork de tissus suspendu au-dessus d’un sol en terre glaise (la forme est celle du Kilimandjaro à l’envers). Le fond du « cône » en tissu est tapissé à l’intérieur d’un revêtement isotherme. Tous les jours un seau de glace est déversé dans le cône. La glace fond petit à petit est goutte au travers du tissu sur la terre. A cet endroit la glaise reste humide et ne craquelle pas. Quelques graines de végétaux des steppes tanzaniennes s’y développent comme autour d’une source formant une oasis de verdure. Au-delà, la glaise se fissure progressivement se transformant en zone désertique.

 

Le jardin central qui bénéficie de l'arrosage de la fonte des glaces laisse place autour de lui à un assèchement des terres qui craquellent. Désertification annoncée !
Au sol un disque de terre craquelée avec à son centre une oasis de verdure

11 m3 = 1 BJ, installation, Belvès, 2016

 

 

Laurent Valera propose pour cette exposition un travail et une réflexion sur la production de masse du blue jeans. Sa production mondialisée est critiquée sur le plan éthique et environnemental.

 

Dans la région  de Belvès une usine de jeans, Rosa Rosam (ex-Teton) a fermé ses portes en 2011. Une soixantaine de salariées se sont retrouvées du jour au lendemain sans emploi dont des belvèsoises. Certaines y travaillaient depuis plus de 30 ans.

 

La rencontre avec l'une d'elles - Maria, spécialisait dans la confection des poches arrières des jeans pendant 36 ans - lors de l'accrochage de l'oeuvre "Faites du jeans" sur le mur de sa maison a profondément marqué l'artiste.

 

Pour  11m3 = 1 BJ, un jardin zen japonais en ondes de graviers d’où émergent des ilots de jeans, Laurent Valera matérialise la quantité d’eau au travers de ces trois volumes de jeans nécessaire pour confectionner 1 seul jeans, soit 11m3.

 

A Belvès en Dordogne, l'artiste Laurent Valera parle de l'eau au travers de la production du blue jeans.
11m3 = 1 BJ, installation, 2016

Cernes de l’estuaire de la Gironde, objet et photographies, 2016

 

Objet : technique mixte sur une matrice en bois, photographies,  impressions numériques sur transparent…

Dim. objet 29cm x 11cm x 3cm. Dim. photographie 30cm x 30cm.

 

Ce travail a donné lieu à la production de 25 types d'objets évoquant 25 aspects de l'estuaire de la Gironde.

 

Comment l'estuaire de la Gironde vit-t-il notre époque contemporaine ? Comment le vit-on sur ses rives et sur ses eaux ?

 

Au travers de la répétition d'une matrice de l'estuaire de la Gironde (issue d'une carte géographique), Laurent Valera développe une suite d'ondes, de "cernes", qui tentent d'incarner la grandeur, la richesse, la poésie et les faiblesses de ce vaste plan d'eau entre mer et fleuves.

 

Oeuvres d'art de Laurent Valera sur le thème de l'estuaire de la Gironde, de la beauté de cette espace naturel et de ses fragilités écologiques et paysagères
Cernes d'un dimanche au carrelet de Marie-Pierre, objet et photographie, 2016
Un dimanche au carrelet de Marie-Pierre est l'une des facette de ce travail de Laurent Valera sur le plus grand estuaire d'Europe : l'estuaire de la Gironde
Un déroulé docu-photographique de l’intégralité de la journée au carrelet de Marie- Pierre nous ouvre sur l’intime d’un moment passé entre amis sur les rives de l’estuaire.
La chimie n'est pas en reste dans les axes agressifs envers ce plan d'eau sauvage. L'art de Laurent Valera est de révéler l'intime de ce lieu.
Cernes de gélules, 2016. Les stations d’épuration des eaux usées ne traitent pas l’intégralité de la chimie des urines... Ainsi un grand nombre de molécules médicamenteuses que nous consommons se retrouvent dans l’estuaire de la Gironde et ses affluents.

Charriées I, 2015

 

 

Planches de bois flotté, vase séchée, support isoplane en bois

 

Dimensions 123cm x123cm x 7cm

 

L'artiste pauillacais a glané sur les rives de l'estuaire de la Gironde des planches de bois flottées afin de matérialiser cette oeuvre à l'image des vases séchées sur les rives
"Charriées I ", 2015.

Des planches de bois charriées par les eaux boueuses de l'estuaire, descendent et remontent devant la ville de Pauillac au grès des marées, en migration pour certaines depuis les Pyrénées, avant de s'échouer sur la rive. Glanées, stockées puis découpées elles vont recomposer un motif craquelé de vases  estuariennes desséchées. Lier des trajectoires, des histoires, des temps et des vies, en assemblant ces lambeaux de planches de bois et tenter de recomposer une histoire commune. L’absence d’eau empêche ce processus et isole ces matières sœurs par des craquelures-frontières.

 

Quand l'eau disparaît elle laisse place à la ruine et à la segmentation
L’œuvre est issue d’un motif de vase séchée, craquelée

 

Watershed étude pour un projet de sculptures-installation, 2015.

 

 

Dans ce projet Laurent Valera voit les pays du monde comme des creusets, des récipients en 3 dimensions. Dans un premier temps je réalise ce travail en papier et peinture. Dans un second temps et suivent les possibilités techniques je souhaiterais refaire ce projet en céramique émaillées afin d’être au plus proche de l’idée de contenants humains (bols, assiettes, plats…).

 

Ce projet d’installation est en continuité de mes travaux et recherches autour de, et,  avec l’élément eau. Il questionne sur l’accessibilité à l'eau potable qui est un enjeu majeur de développement durable très largement menacé par des multinationales peu scrupuleuses qui s’accaparent se bien universel et par les crises climatiques actuelles et futures (générant une immigration de masse de réfugiés climatiques comme il en est déjà question pour part avec les migrants syriens suite aux épisodes de sècheresses de ces deux dernières années qui ont accentué l’état de misère par exemple…).  En parallèle il interroge la notion de frontière et d’appartenance territoriale en la confrontant avec mes perceptions du vivant. L’eau étant vue comme un lien inter-vivant primal et en associant les aspirations de l’eau aux aspirations humaines.

Le pays du monde vus comme des creusets de vie. Cette vie se matérialise proportionnellement aux accès à l'eau potable de chaque état
"Allemagne", dim. 28,50cm x 21,50cm x 5cm. Papier mâché et peinture acrylique diluée
Une étude de l'oeuvre en papier mâché
Portugal, Espagne, France, Allemagne, 2015

Sanctuaire, projet d’installation, 2015-2016.

 

Projet pour le concours des Talents Contemporains 2015 de la Fondation François Schneïder.

 

POur la nouvelle édition du Prix de la Fondation François Schneider à Wattwiller Laurent Valera propose cette installation qui ramène l'eau dans sa dimension sacrée et magique
"Sanctuaire", projet, 2015-2016

A l’heure de la question du réchauffement climatique et de ses répercussions sur la vie sur terre, entre autre par rapport à l’accessibilité à l’eau douce, ce travail renvoie aux origines sacrées de l’eau et à une vision écoresponsable de son accessibilité et de sa préservation.

 

La genèse du projet est l’association de deux mythes, La Fontaine druidique de Bernos à Saint-Laurent-en-Médoc  et l’Arbre Fontaine de l’île d’El Hierro aux Canaries - El Hierro est 100% autonome énergétiquement en énergies renouvelables.

 

Cette œuvre a pour volonté de nous ramener à des valeurs élémentaires envers l’eau, tout comme au premier temps de l’eau comme le défini André Guillerme dans son ouvrage « Les Temps de l’eau ». Selon lui se succèdent depuis la Bas-Empire Romain à nos jours 4 temps de l’eau (étude réalisée sur les villes du nord de la France). Le 1er temps pose l’eau en élément sacré : cultes druidiques, vertus thérapeutiques, en même temps que se développe les premiers réseaux hydrauliques romains qui recèlent des ordres sacrés. Le 2nd temps, du Xe au XIVe siècle, exploite la dimension mécanique de l’eau avec le développement de l’artisanat selon la dentelle de ces « petites Venise » que constituent les nouvelles villes passionnées de leur hygiène (étuves, hôpitaux, égouts) et économes de leur énergie (moulins). Du XIVe au XVIIIe siècle, 3ième temps, l'eau stagne. La putréfaction gagne et un dépeuplement l'accompagne : la ville se perd dans ses miasmes – utilise la fermentation pour développer une nouvelle économie. 4ième temps, du XVIIIe à nos jours la révolution industrielle promeut les valeurs de l'hygiène active et rend à l'eau sa puissance : la nouvelle chimie, l'hydraulique favorisent une vision purifiée des problèmes. L'eau s'est   réveillée   et    coule   dans   des tuyaux, cachée, propre et contrôlée, tandis que les tourbes urbaines et les égouts s'enfoncent et disparaissent.

 

L’idée ici est de ramener à la surface cette eau source du vivant, visible et étincelante, dynamique et chantante, s’écoulant pure et cristalline d’un sanctuaire de pierre. Le mur circulaire en pierre sacralise l’eau qui s’écoule de son enceinte. De par sa hauteur (2 mètres)  il empêche le spectateur de voir ce qu’il s’y passe accentuant le mystère qui s’en dégage. Renforcé par la porte en bois entrouverte vers l’intérieur, inaccessible du fait du bassin qui se forme à sa sortie, qui laisse entrevoir et sous-entendre que le lieu est entièrement habité d’eau. Pourtant un arbre s’en dégage ! Le lieu devient alors symbolique et sacré. L’arbre évoque l’arbre sacré d’El Hierro, un Garoé ou arbre fontaine, qui avait la particularité de capter l’eau de la brume de cette île semi-désertique et de la restituer en pluie à son pied. Egalement il apporte tout le symbolisme de l’arbre dans sa capacité à désigner, à signifier, voire à exercer une influence en tant que symbole. L'arbre en général est symbole (de l'homme, du cosmos, de la vie...), et chaque arbre en particulier est un symbole (le chêne symbolise la majesté, l'aulne, l'humilité). Les textes des troubadours, des conteurs et des poètes chantent l'arbre comme l'axe du monde, la flamme de vie, le pont du ciel, l'image de l'éternelle vigueur. De par sa verticalité, l'arbre est le lieu sacré où le ciel s'enracine à la terre. L'arbre met en relation les trois niveaux du cosmos. L'arbre est le symbole par excellence de la vie en perpétuelle évolution. Le déroulement de son cycle annuel l'associe naturellement à la succession de la vie, de la mort et de la renaissance. On rencontre des arbres sacrés, des rites et des symboles végétaux dans les traditions populaires du monde entier, dans les métaphysiques et les mystiques de tous les temps, des époques archaïques jusqu'à nos jours. Parfois, l'univers est représenté par un arbre géant ; dans d'autres traditions, l'humanité naît d'un arbre. L'arbre est toujours associé à ce qui est vivant et créateur. L’association arbre-eau transcende la magie du lieu, la magie de cette source fantastique point de départ d’une nature mère, d’une eau de vie, d’une eau sacrée.

 

Sanctuaire est une oeuvre inspirée à Laurent Valera par l'arbre fontaine de l'île d'El Hierro aux Canaries et de la fontaine druidique de Bernos à Saint-Laurent-Médoc
Gravure de l'Arbre fontaine d'El Hierro, Fontaine druidique de Bernos à Saint-Laurent-Médoc, Blason de l'île El Hierro

Pour l’installation Lumières de sirènes c’est l’horreur de ces milliers de migrants anonymes morts noyés dans la méditerranée qui est à l’origine de ce travail. Cette œuvre fait partie d’un ensemble de travaux sur le drame de l’immigration clandestine Afrique-Europe réalisés pour l’exposition Vertigo à Toulouse. Portée par l’eau, Lumières de sirènes développe deux axes de réflexion : l’accessibilité à l’eau potable et l’Europe vue comme un miroir aux alouettes pour des milliers d’africains.

 

 

 

Au sol le continent Africain. Il est composé de centaines de gobelets d’eau. Il est éclairé par une lampe depuis le plafond. Sur le rideau derrière des centaines de ronds lumineux. L’ensemble de ces ronds créé l’Europe. Suivent le remplissage des gobelets un reflet est projeté sur le rideau. Le continent africain au sol génère par des jeux de reflets à la surface de l’eau des gobelets le continent européen sur le rideau (même procédé technique de reflets que pour l’œuvre Source de vie). Un ventilateur balaye l’espace d’un léger courant d’air troublant la surface d’eau des gobelets. Ainsi les reflets sont à leur tour balayés d’ondes, troublés comme un mirage.

 

 

 

Nous sommes aux prémices de grands mouvements migratoires Afrique – Europe. La survie, un ailleurs plus prospère et plus sûr, voilà ce que des milliers de migrants clandestins essayent d’atteindre. Ils se lancent à corps perdus dans ce parcours du combattant qui de pièges en désillusions prendra la vie à un grand nombre. Pour les rescapés pas de retour en arrière possible. Avancer, toujours avancer. Tragiques histoires contemporaines d’anonymes sur les pistes de l’Eldorado, d’africains qui ne souhaitent qu’une seule chose pour eux et leur famille : vivre.

 

L'eau potable enjeux géopolitique majeur ! Une Europe miroir aux alouettes pour des milliers de migrants en quête d'un ailleurs plus favorable à la vie. L'horreur de l'exode dont une grande partie laissera la vie dans la mer méditerranée
"Lumières de sirènes" lors de Nuit Blanche Paris 2014
Fonctionnement de l'oeuvre "Lumières de sirènes"
Fonctionnement de l'oeuvre "Lumières de sirènes"

Avec les lavis de la série Toxic et O Laurent Valera essaye de rendre compte de la richesse, de la complexité et de la fragilité de l'élément eau aux travers des dernières gouttes d'eau présentes dans des verres. « Je me suis interrogé en observant les traces anodines d'eau après séchage des verres retournés sur les éviers de cuisine sur notre facilité d'accès à une eau potable de qualité alors qu'une grande partie du monde n'y a pas accès. Alors j'ai voulu associer ces dernières gouttes à une toxicité future. Comme si il était possible de retrouver un poison dans ces traces rondes quotidiennes. » Il dilue alors des produits chimiques toxiques dans de l'eau et en utilise quelques gouttes dans des verres qu’il retourne sur des feuilles de papier blanc ou coloré. Les gouttes se répandent en cercles en suivent le rebord des verres puis peu à peu les produits corrosifs attaquent les papiers matérialisant les fameuses traces rondes. D'autres produits ont teinté les feuilles de papier blanc.

 

 

 

Peu à peu il remplace les toxiques par de la peinture diluée et met en avant la beauté plastique et la complexité de ces traces. «  J’ai laissé la place à une eau belle et vivante qui mue de ses propres aspirations organisait et mélangeait les couleurs de façon extrêmement subtile et délicate. Puis j’ai utilisé des supports moins perméables et ainsi l’eau s’infiltrait et donnait naissance à une cartographie riche et complexe qui se révélait sur l’envers des supports (toiles perméables). J’ai nommé cette évolution Aspirations d’eau Part. I & II. Dès lors il me semblait percevoir que les aspirations du vivant n’étaient autres que des aspirations d’eau ! »

 

Toxicité de l'eau douce du robinet : la guerre de l'eau est annoncée
"Toxic I", 2014. Dimensions 50cm x70cm - "Toxic II", 2014. Dimensions 50cm x70cm
Eau miracle, eau vie, eau conflits
"O n°28", détail, 2014. Dim. 50cm x 70cm
Quand l'eau tire les ficelles de la vie
"Aspirations d'eau Part. I : n°18, 2, 5, 12, 4, 3, 2014. Dim. 60cm x 60cm
Traces de verres pour ces peintures de Laurent Valera
"Aspirations d'eau Part. II : n°21", 2015. Dim. 93cm x 93cm

 Avec la vidéo Remember me ! c’est une eau mémoire et une eau lien que Laurent Valera met en mouvement. Ses influences sont une combinaison entre les résultats des travaux du Professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine en 2008, qui a repris et démontré les travaux de Jacques Benveniste sur la « Mémoire de l’eau » et le sentiment de connexion appelé « sentiment océanique » qui se rapporte à l'impression ou à la volonté de se ressentir en unité avec l'univers. Ainsi Laurent Valera perçoit un enchainement d’évidences : l’océan originel d’où provient le vivant, vivant porté par l’eau depuis la nuit des temps, se développant et se complexifiant, créant des structures corps qui, comme de peur de quitter cette eau-mère, emmenaient l’eau avec eux. Tout ce processus de réflexions jusqu’à visualiser le ressac incessant et immuable depuis des milliards d’années sur terre mais déjà en mouvement depuis bien plus longtemps dans l’espace et l’univers via les comètes… D’où l’idée de filmer l’océan atlantique ici, chez lui dans le bordelais, en plongé et suffisamment près pour que l’image devienne courbe et donner l’illusion d’une vision de la terre vue de l’espace. L’écume devient alors au fil des images des pays, des continents ou la stratosphère parcourue de nuages… Accompagnée d’une bande son « échos du monde » qui nous donne l’impression et la capacité de pouvoir entendre l’ensemble de la vie terrienne à un instant donné cette vidéo donne à voir un monde d’eau, ou tout le vivant y serait lié et interconnecté par elle.

 

 

Acqua Alta : les hautes eaux est une œuvre de commande directe de M. Bernard Magrez. Ce magna du vin et grand collectionneur a créé en 2011 une fondation d’art contemporain à Bordeaux : l’Institut Culturel Bernard Magrez. A l’image de la Villa Médicis à Rome il y reçoit des artistes en résidence, il y propose des expositions thématiques ainsi que la présentation de sa collection d’art. J’y ai été résident pendant un an.

 

 

 

Bernard Magrez est un inconditionnelle de la ville de Venise. Et c’est un beau matin de février que je reçois son appel me demandant si je serais intéressé pour créer une œuvre sur le thème de Venise. Son seul impératif : utiliser une véritable gondole vénitienne !

 

J’ai immédiatement dit « oui » et me suis lancé dans ce nouveau projet.

 

J’ai eu envie de créer un symbole fort de la fragilité et de la force de cette ville emblématique. Construite dans une lagune sur des fondations en bois la ville de Venise est soumise aux flux et reflux de la mer. Tous les ans, d'Octobre à Avril, Venise est confrontée au problème de l'acqua alta.

 

Ce sont des marées d'une amplitude exceptionnelle qui, en s'engouffrant par les trois passes d'entrée de la lagune, provoquent l'inondation de la ville.

 

Elles sont le résultat de l'action conjuguée de différents phénomènes naturels : les grandes marées, les variations de la pression atmosphérique et la poussée des vents  (en particulier le sirocco), qui associés à l'affaissement progressif du niveau de la ville, engendre des marées exceptionnelles.

 

 

 

Mais, l'activité humaine est également responsable des inondations : le développement économique induisit le creusement de chenaux de grande profondeur (jusqu'à 15m) à l'intérieur de la lagune, pour permettre aux bateaux de forts tonnages de remonter, depuis la mer jusqu'au port maritime de Venise, au complexe pétrolier de Porto Marghera ou au terminal de San Leonardo. Ces "autoroutes" pour les courants marins, et notamment lors des fortes marées, ont profondément déséquilibré l'écosystème fragile de la lagune, provoquant des inondations de plus en plus fréquentes. Auquel on doit ajouter l'abandon des barènes non entretenues qui, peu à peu, s'érodèrent et ne jouèrent plus leur rôle de régulateur des marées et courants marins.

 

La haute-marée est un "spectacle" très apprécié des touristes qui font des photos souvenir pour raconter l’anecdote « typique » à leur retour sur « la terre ferme » ; les Vénitiens, quant à eux, cohabitent avec résignation et philosophie avec ce phénomène qui perturbent leur vie quotidienne et les activités économiques.

 

Changements climatiques, montée des eaux, Venise comme beaucoup de villes du monde face à ces bouleversements climatiques : disparition, acqua alta. Installation d'art contemporain à Bordeaux où une véritable gondole  symbole d'un tournant environnemental
"Acqua Alta : les hautes eaux", 2013

MM1, miroir mouvant, 2009.

 

Cadre en inox, 144 miroirs en dibon poli miroir, câbles métalliques.

 

Dimensions 213cm x213cm

 

 

L’immense miroir fractionné est mis en mouvement par l’action du vent et donne l’illusion au spectateur d’être face à une surface d’eau verticale, scintillante et traversée d’ondes. Le reflet se déstructure et joue avec le réel et la lumière. Les éclats lumineux, le mouvement et le fractionnement du reflet hypnotisent le spectateur comme face à un miroir aux alouettes.

 

Avec cette œuvre Laurent Valera voulait nous interroger sur notre perception du réel, sur notre histoire et nos origines. Mais également mettre en évidence par ce grand mélange d’images fragmentées ponctuées d’éclats lumineux l’interconnexion du vivant par la lumière.